La Suisse compte plus de 230 banques. Vu de loin, le paysage bancaire ressemble parfois à une forêt dense où il est difficile de se repérer. Pourtant, pour un particulier, une PME ou un investisseur installé en Valais, quelques acteurs dominent réellement le marché en 2025, avec des offres et des positionnements bien distincts.
Tour d’horizon des principales banques suisses, des services qu’elles proposent et de la manière de s’y retrouver sans y passer des soirées entières… ni finir prisonnier d’une brochure tarifaire de 48 pages.
Paysage bancaire suisse en 2025 : ce qu’il faut avoir en tête
Le système bancaire helvétique a beaucoup évolué ces dernières années. Trois grandes dynamiques structurent le marché en 2025 :
- La concentration, avec notamment l’intégration progressive de Credit Suisse au sein du groupe UBS.
- La digitalisation, qui fait monter en puissance les néobanques et pousse toutes les autres à revoir leurs services en ligne.
- La spécialisation, chaque banque cherchant sa niche : PME, clientèle fortunée, immobilier, solutions durables, etc.
Par ailleurs, la réglementation reste stricte. Les dépôts sont protégés jusqu’à 100 000 CHF par client et par banque via le système esisuisse, et la FINMA (l’autorité de surveillance) impose des exigences élevées en matière de capital et de gestion des risques.
Dans ce contexte, choisir une banque revient moins à « trouver la meilleure » qu’à identifier celle qui correspond le mieux à ses besoins : compte courant simple, financement immobilier, gestion de fortune, services pour PME exportatrice, etc.
Les grandes banques suisses : poids lourds et services universels
Les grandes banques, présentes dans toute la Suisse et à l’international, proposent une palette complète de services : comptes privés, cartes, hypothèques, solutions PME, gestion de fortune, banque d’investissement.
En 2025, deux noms dominent :
- UBS – Après la reprise de Credit Suisse en 2023, UBS est devenue la plus grande banque d’Europe en gestion de fortune. Elle reste un acteur clé pour :
- les particuliers recherchant des solutions de placement plus structurées (fonds, mandat de gestion) ;
- les entrepreneurs et PME ayant des besoins complexes (financements, cash management, commerce international) ;
- la clientèle fortunée, avec des desks de gestion de fortune très développés.
- Banques internationales avec présence en Suisse – Plusieurs groupes étrangers disposent d’entités à Genève, Zurich ou Lugano (souvent tournées vers la gestion de fortune et la banque privée). Ils sont pertinents pour les profils très internationaux, mais moins pour le quotidien bancaire d’un particulier ou d’une PME valaisanne.
Pour la plupart des habitants et entreprises du Valais, ces grandes banques peuvent jouer un rôle, mais elles sont souvent mises en concurrence avec des acteurs plus proches du terrain, comme les banques cantonales et Raiffeisen.
Les banques cantonales : proximité et ancrage régional
Les banques cantonales forment l’épine dorsale du système bancaire de détail suisse. Elles sont actives dans quasi tous les cantons, avec un mandat public plus ou moins marqué selon les cas.
Leur atout majeur : une forte proximité avec l’économie locale et les autorités cantonales. En Valais, cet acteur clé est naturellement :
- Banque Cantonale du Valais (BCVs)
- Réseau dense d’agences sur l’ensemble du canton.
- Positionnement fort sur les crédits hypothécaires, le financement immobilier et les PME régionales.
- Offre complète pour particuliers : comptes privés, épargne, cartes, hypothèques, prévoyance, placements.
- Services pour entreprises : crédits d’exploitation et d’investissement, leasing, solutions de trésorerie, e-banking professionnel.
La plupart des banques cantonales partagent des caractéristiques similaires :
- Une bonne connaissance du tissu économique local, utile pour les PME qui ont besoin d’un partenaire capable de comprendre un business plan ancré dans la région.
- Une offre solide en hypothèques et financements immobiliers.
- Des services de prévoyance et de gestion de patrimoine pour les particuliers et les entrepreneurs.
C’est souvent vers ces banques que se tournent les entreprises en croissance basées en Valais, notamment pour financer l’achat de locaux, un agrandissement ou des investissements plus lourds.
Banques régionales et coopératives : Raiffeisen, Migros Bank et consorts
Entre les grandes banques et les banques cantonales, plusieurs acteurs nationaux mais à forte coloration « de proximité » occupent une place importante.
- Raiffeisen Suisse
- Modèle coopératif : les clients peuvent devenir sociétaires.
- Réseau de banques Raiffeisen très présent dans les régions rurales et de montagne.
- Particulièrement reconnu pour la banque de détail (comptes privés, épargne, hypothèques) et les services aux PME locales.
- Migros Bank
- Filiale du groupe Migros, avec une stratégie axée sur des tarifs souvent plus compétitifs.
- Positionnement attractif pour les particuliers et certaines PME pour les produits standards : comptes, cartes, hypothèques, prévoyance.
- Cler, Valiant et autres banques régionales
- Présence variable selon les cantons.
- Généralement axées sur la banque de détail et les petites entreprises.
Pour un indépendant ou une micro-entreprise valaisanne, ces établissements offrent souvent un bon compromis entre services, tarifs et proximité, surtout si les besoins restent relativement simples (compte d’entreprise, carte, crédit modeste, e-banking fiable).
Banques privées et gestion de fortune : le haut de gamme helvétique
La Suisse reste un centre mondial de gestion de fortune. Les banques privées se distinguent par un accompagnement personnalisé et des services pointus en matière d’investissement.
Parmi les principaux acteurs :
- Pictet
- Lombard Odier
- Julius Baer
- Banque Syz
- De nombreuses maisons genevoises, zurichoises ou tessinoises spécialisées dans le private banking.
Ces établissements ciblent généralement :
- la clientèle fortunée (souvent au-delà de 500 000 ou 1 million CHF à investir) ;
- les entrepreneurs ayant vendu leur entreprise ou cherchant à structurer leur patrimoine ;
- les familles avec des problématiques de transmission et de planification successorale.
Leur valeur ajoutée : la capacité à proposer des solutions sur mesure (mandats de gestion, accès à des fonds spécialisés, investissements alternatifs, structuration fiscale dans le cadre légal suisse, planification de retraite et de succession).
En pratique, bon nombre d’entrepreneurs gardent un compte courant dans une banque cantonale ou régionale, tout en confiant la gestion de leur patrimoine à une banque privée lorsque leur situation patrimoniale devient plus complexe.
Néobanques et banques en ligne : la vague digitale
La digitalisation a fait émerger de nouveaux acteurs, souvent sans réseau d’agences, misant sur une application mobile performante et des coûts réduits.
En Suisse, plusieurs noms se sont imposés :
- Neon
- Compte courant mobile-first, avec carte de débit Mastercard.
- Forte transparence sur les frais, notamment à l’étranger.
- Zak
- Néobanque lancée par Bank Cler.
- Application orientée budget et gestion quotidienne, avec options de « pots » pour épargner.
- Yuh
- Projet commun de Swissquote et PostFinance.
- Mélange de compte courant, trading simplifié et épargne, destiné à une clientèle jeune et connectée.
Pour les particuliers, ces solutions peuvent être intéressantes :
- comme compte secondaire pour les dépenses du quotidien ;
- pour voyager avec moins de frais de carte ;
- pour tester de petits investissements en bourse via une interface simplifiée.
Pour les entreprises, en revanche, l’offre reste encore limitée en 2025, surtout pour les besoins plus avancés (fiduciaire, gestion multi-signatures, financement, flux internationaux complexes). La plupart des PME valaisannes continuent donc de s’appuyer sur des banques traditionnelles pour leurs opérations professionnelles.
Services clés pour les particuliers en 2025
Du point de vue d’un particulier, toutes les banques proposent un socle commun de services. Les différences se jouent dans les détails : tarifs, ergonomie, conseil, spécialisation.
Les principaux services à comparer :
- Comptes et cartes
- Compte privé (salaire, dépenses courantes).
- Compte d’épargne (rémunération, conditions de retrait).
- Cartes de débit (Maestro, Debit Mastercard, Visa Debit) et cartes de crédit.
- Frais de tenue de compte, retraits aux bancomats, paiements à l’étranger.
- Hypothèques et financement immobilier
- Hypothèques à taux fixe, variable ou SARON.
- Conditions de financement (fonds propres exigés, amortissement, ratio charges/revenus).
- Conseil en financement, notamment pour les projets de construction ou de rénovation en Valais.
- Prévoyance et retraite
- Comptes de prévoyance pilier 3a (épargne liée) et 3b (épargne libre).
- Placements 3a en fonds, avec différents profils de risque.
- Conseil pour articuler AVS, LPP et prévoyance individuelle.
- Placements et épargne à long terme
- Fonds de placement, plans d’épargne en fonds.
- Mandats de gestion (pour les patrimoines plus élevés).
- Solutions durables/ESG pour les clients soucieux de l’impact environnemental et social de leurs investissements.
- Banque en ligne et mobile
- Qualité de l’e-banking (clarté, sécurité, fonctionnalités).
- Application mobile (scanner de QR-factures, notifications, gestion des cartes).
- Possibilité de signer des contrats à distance (hypothèques, crédits, cartes supplémentaires).
Un conseil simple : au-delà des offres marketing, il vaut la peine d’estimer le coût annuel réel de sa relation bancaire (frais, intérêts, cartes) et de le comparer à la valeur du conseil et des services obtenus. Une banque légèrement plus chère peut s’avérer plus intéressante si elle vous accompagne bien lors d’un achat immobilier ou de la création d’une entreprise.
Services bancaires pour PME et indépendants
Pour les entreprises, le choix de la banque peut avoir un impact direct sur la trésorerie, le financement de la croissance et la gestion quotidienne. En 2025, les principales offres destinées aux PME et indépendants incluent :
- Comptes professionnels
- Comptes courants en CHF et en devises (EUR, USD, etc.).
- Solutions de packages PME avec cartes, e-banking multi-utilisateur et options de signature.
- Financement et crédits
- Crédits d’exploitation pour financer le besoin en fonds de roulement.
- Crédits d’investissement (machines, véhicules, aménagements).
- Leasing, en particulier pour les équipements industriels et les flottes de véhicules.
- Hypothèques commerciales pour l’achat de locaux ou de terrains.
- Solutions de paiement
- Acquisition de paiements par cartes (terminaux de paiement).
- Intégration des QR-factures et eBill.
- Solutions e-commerce et paiements en ligne.
- Gestion de trésorerie
- Outils d’e-banking professionnels, avec droits d’accès différenciés (direction, fiduciaire, comptabilité).
- Placements de trésorerie à court terme.
- Couverture de change pour les entreprises exportatrices.
- Accompagnement et conseil
- Conseil lors de la création ou de la reprise d’entreprise.
- Structuration du financement pour des projets de croissance.
- Transmission d’entreprise et planification patrimoniale de l’entrepreneur.
En Valais, les banques cantonales, Raiffeisen et certains acteurs spécialisés jouent un rôle important dans ce domaine. Un élément souvent sous-estimé : la relation personnelle avec le conseiller d’entreprise. Un interlocuteur stable, qui connaît votre secteur et votre historique, peut faire la différence lors d’un dossier de financement un peu atypique.
Banque et entrepreneuriat en Valais : un écosystème à exploiter
Au-delà de la simple relation banque–client, le canton du Valais dispose d’un écosystème économique en réseau, où les banques interagissent avec :
- les hautes écoles et incubateurs de start-up ;
- les autorités cantonales et communales ;
- les organismes de promotion économique ;
- les fiduciaires et cabinets de conseil.
Pour une jeune entreprise innovante ou une start-up, ce maillage peut être précieux. Certaines banques développent des offres spécifiques :
- comptes pour start-up avec frais réduits les premières années ;
- accompagnement pour la recherche de cofinancement (fonds publics, investisseurs privés) ;
- événements de networking et mise en relation avec d’autres entrepreneurs.
En pratique, il est utile de se demander, lors du choix de sa banque : « Avec qui cette banque travaille-t-elle dans la région ? Peut-elle me connecter à des partenaires, des investisseurs, des conseillers ? » Une réponse positive à cette question peut valoir autant qu’un quart de pourcent de rabais sur un crédit.
Comment choisir sa banque en Suisse en 2025 ? Quelques repères simples
Plutôt qu’une longue grille Excel, quelques questions concrètes permettent déjà d’y voir clair.
- Pour un particulier
- Vos besoins sont-ils surtout quotidiens (salaire, dépenses, carte) ou incluent-ils des projets immobiliers et d’investissement à moyen terme ?
- Préférez-vous une relation de proximité, avec un conseiller en agence, ou une approche 100 % digitale ?
- Êtes-vous prêt à diversifier : une banque traditionnelle pour le cœur de vos finances, une néobanque pour les voyages, une autre pour vos placements ?
- Pour un indépendant ou une PME
- De quoi avez-vous vraiment besoin : un simple compte professionnel, ou aussi des financements, des solutions de paiement, des services en devises ?
- Votre activité est-elle très locale, ou fortement tournée vers l’export et les marchés internationaux ?
- Dans quelle mesure la relation personnelle avec le banquier compte-t-elle pour vous, notamment pour des projets futurs ?
- Pour un entrepreneur avec un patrimoine à gérer
- Votre patrimoine justifie-t-il l’entrée en relation avec une banque privée ou un service de gestion de fortune dédié ?
- Souhaitez-vous un accompagnement global (entreprise, patrimoine privé, succession) ?
- Les placements durables et la prise en compte de critères ESG sont-ils importants pour vous ?
Rien n’empêche d’avoir deux ou trois relations bancaires différentes, chacune pour un besoin distinct. L’essentiel est de garder une vue d’ensemble de ses finances, et de ne pas se laisser influencer uniquement par le dernier taux promotionnel ou la carte « gratuite » assortie de conditions en petits caractères.
Dans un canton comme le Valais, où l’économie repose sur un mélange unique de tourisme, d’agriculture, d’industrie et de technologies, la banque idéale n’est pas forcément la même pour un hôtelier de montagne, un viticulteur, un bureau d’ingénieurs ou une start-up digitale. Mais toutes ont un point commun : elles gagnent à choisir un partenaire bancaire qui comprend leur réalité, leur saisonnalité, leurs risques… et leurs ambitions.

